Biographie

L’artiste libano-suisse Mahmoud Omar Turkmani, né en 1964 à Halba dans le nord du Liban, fut inspiré par sa grande soeur et ses frères aînés à jouer du luth et de la guitare. A l’âge de 16 ans, il commence à se produire au Liban en tant que soliste. Il travaille aussi dans l’orchestre de Marcel Khalifa avant de former son propre groupe et „Rabî“ (Printemps) et de jouer plus tard en tant que soliste dans le groupe folklorique libanais „Willada“.

Durant la guerre civile, il menait tant bien que mal des études musicales avant de partir se perfectionner à Moscou où il prépara son diplôme et l’obtint de l’Académie d’Etat pour les Arts en 1989. Il part alors pour la Suisse, le pays d’origine de sa femme et y travaille comme professeur de guitare. Il complétera ensuite ses études avec Oscar Ghiglia (1989/90, Conservatoire de Bâles), Juan Carmona (1991/92, programme de flamenco en Andalousie) et spécialement avec le professeur Stephan Schmidt (1994-1997, Conservatoire de Berne) qui encourage Mahmoud à développer son propre langage musical en dehors de son background multiculturel. Quand il étudiait à Berne, Mahmoud se produisait aussi en public dans différentes villes en formant en 1993 son quatuor de guitares nommé “Ludus”. Après la mort soudaine de son frère qui vivait en France, Mahmoud se découvre un habileté d’expression personnelle comme compositeur. Ne pouvant pas exprimer sa peine verbalement, il l’a mise en musique. Sa amitié avec Mansour Rahbani, l’un des grands musiciens et poètes arabes, l’inspire et l’encourage à chercher ses origines libanaises et les transformer dans un langage global. Dans le concert du 29mars, Mahmoud Omar Turkmani présente ses oeuvres “Point I”, “Point II”, “Hdiye” ( en hommage à sa mère), “Hanin” (en souvenir de son frère), “Nuqta” (où une référence est faite au folklore libanais), “Point III” ainsi que “Quadra” de Kaspar Diethelm. Dans toutes ses compositions on sent un dosage judicieux entre les éléments des musiques baroque, renaissance, arabe et tendances contemporaines. Le célèbre Mansour Rahbani disait de Turkmani C’est du nord que vient Mahmoud Turkmani pour nous entraîner au plus profond de la musique. Penché sur les cordes de sa guitare, il y fait passer les plus agréables des mélodies. De l’Europe, il reçut le brillant de sa technique, son jeu démontre chez lui la maîtrise parfaite de son instrument. Le style de ses compositions est parcouru du vent de la modernité, mais c’est surtout son coeur qui rayonne du soleil de son pays, les terres de l’Akkar du Nord-Liban, un soleil qui réveille les vallées du nord où, dès le matin, se répercutent les chants des hommes. Quand Mahmoud Turkmani est parti étudier la musique en Suisse, il y apportait de chez lui le chant des oiseaux nichés dans les buis. En lui aussi, le timbre de la flûte des bergers et le ramage des tourterelles. Quand j’ai prêté l’oreille aux compositions de Mahmoud, j’étais trois fois enchanté: „en premier lieu par la virtuosité de son jeu; puis par la beauté de ses mélodies; et en troisième lieu par le son du luth qui s’élève du fond des nuits orientales et vient dialoguer avec les guitares pour le plus beau des dons sous le ciel de l’Europe. Mansour Rahbany, Beyrouth, 3 février 1999. kremerata baltica et Gidon Kremer